Archives mensuelles : août 2008

Un eurodéputé sur dix tient un blog

D’après une étude réalisée auprès des 785 députés européens par le blog Public Affairs 2.0 – dédié à l’usage des outils numériques en politique, affaires publiques et communication – il ressort que 89 députés européens ont leur propre blog, soit 11 % d’entre eux.

Dans le détail, le blog e-Toile constate que ce sont les eurodéputés français et britanniques qui sont les plus nombreux à bloguer, suivis de près par les Espagnols, puis par les Allemands, Roumains et Polonais. Les députés européens italiens sont les moins actifs en la matière.

Proportionnellement au nombre d’eurodéputés d’une même nationalité, 42 % des députés danois ont un blog, contre seulement 14 % des Français.

Enfin, ce sont les députés du parti socialiste européens (PSE) qui arrivent en tête du classement : 36 membres de leur groupe parlementaire tiennent un blog, contre 20 pour le parti populaire européen (PPE). Les Verts européens et les membres de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) sont au coude à coude, avec respectivement 10 et 11 blogueurs dans leurs rangs.

La porte étroite de la participation citoyenne à la construction européenne

Afin de relancer la construction européenne, chacun s’accorde à reconnaître que l’adhésion citoyenne est primordiale. Comment faire pour susciter cette adhésion citoyenne à l’Europe ?

L’échec des solutions institutionnelles

Depuis quasiment une décennie, on nous a expliqué que tous les problèmes européens seraient résolus par l’adoption d’un nouveau traité. Pourtant, cette voie ne semble pas praticable, notamment en raison de :

  • la technicité des textes limitant la lisibilité et par voie de conséquence l’adhésion ;
  • l’impraticabilité des référendums de ratification en France, en Irlande, aux Pays-Bas…
  • l’illusion de considérer qu’il serait possible de résoudre l’ensemble des difficultés à travers un seul texte ;
  • la confusion entre décisions « du politique » sur l’organisation et le fonctionnement des institutions communautaires et décisions « de politique » dans le cadre des élections au Parlement européen.

La solution de l’implication participative des citoyens

L’enjeu de l’adhésion citoyenne à la construction européenne ne peut être gagné que par la participation active des Européens. Outre les nombreuses consultations des parties prenantes et du grand public organisées sur des sujets spécifiques, l’Union a besoin d’une prise de conscience et d’un débat politiques plus larges si elle veut renforcer sa légitimité.

Pour autant, l’implication participative des citoyens ne s’improvise pas. Le débat citoyen doit être organisé afin de poser les problèmes et d’orienter leur résolution par des actions concrètes, de long terme et dans la vie quotidienne. Il s’agit d’une voie exigeante pour les responsables politiques et pour les citoyens que certains programmes communautaires ou nationaux mettent en œuvre.

Dans les prochains jours, nous présenterons les initiatives suivantes en faveur d’une participation citoyenne à la construction européenne :

Initiatives illustrant une citoyenneté européenne numérique

Voici un bref tour d’horizon d’initiatives citoyennes sur Internet à l’échelle de l’Europe illustrant l’émergence d’une citoyenneté européenne non plus seulement de contestation mais aussi de proposition…

« Who do I call? »

Pétition en ligne pour fusionner les postes du futur Président du Conseil européen et du Président de la Commission pour en faire le « Président de l’Union européenne ».

Inspirée de la boutade du Secrétaire d’État américain Henri Kissinger « pour exprimer sa difficulté à identifier un interlocuteur unique au sein des institutions européennes : “Who do I call if I want to call Europe?” ».

« Females in Front : femalesinfront.eu »

Pétition en ligne lancée par l’eurodéputée danoise Christel Schaldemose pour qu’au moins une femme soit nommée à l’un des futurs postes clés de l’Union européenne (il y a 250 millions de femmes en Europe). Mise en ligne début juin. Déjà plus de 26 550 signatures.

Pétition pour des services publics de qualité en Europe : petitionpublicservice.eu

Lancée par la Confédération européenne des syndicats (CES). Près de 526 000 signatures.

« Who’s your candidate : who-is-your-candidate.eu »

Pétition en ligne « pour que le prochain Président de la Commission soit élu de façon transparente et démocratique ». Projet soutenu notamment par le Mouvement européen et des associations fédéralistes. Plus de 700 soutiens.

« Que fait l’Europe ? : quefaitleurope.fr »

Dessin animé humoristique accompagné d’un site avec un forum pour montrer que l’Union Européenne c’est aussi une foule de réalisations concrètes pour le bien de ses citoyens. Initiative financée par la Commission européenne dans le cadre de la campagne « Speak up Europe ».

Une invitation à signer ces pétitions afin de participier à l’émergence de cette citoyenneté européenne « numérique ».

Espoirs et réalités d’une citoyenneté européenne numérique

Face à la désaffection citoyenne à l’égard de la participation politique ainsi que de la construction européenne, Internet représente le vecteur possible d’un renouveau de la citoyenneté, notamment européenne.

Espoirs venus d’Amérique : Internet dans les élections présidentielles

Dans une tribune dans Les Échos, le conseiller presse et communication du président de la République, Franck Louvrier analyse l’usage d’Internet dans la campagne électorale américaine : « la campagne d’Obama a fait d’Internet un média d’information et un outil de mobilisation. En donnant à la campagne en ligne une traduction concrète hors-ligne, elle a surtout permis de révéler, derrière l’internaute anonyme, le citoyen engagé. ».

Réalités selon la recherche scientifique

Dans les Cahiers français n°316, le professeur Thierry Vedel analyse les nouvelles dimensions de la citoyenneté : « Internet et ses usages citoyens » :

1. La citoyenneté de la transparence : « le citoyen éclairé s’informe » à travers une circulation descendante de l’information (site institutionnel, WebTV, liste de diffusion)

  • Avantages : faible coût de stockage et de distribution de l’information. Possibilités de recherches personnalisées. Actualisation.
  • Problèmes : Dégradation du modèle vers la fourniture d’informations pratiques. Surabondance de données inhibant la connaissance.

2. La citoyenneté du débat : « le citoyen discute et se confronte aux autres » à travers une circulation transversale de l’information (forums, groupes, pages perso)

  • Avantages : Communication directe qui transcende les clivages sociaux, organisationnels, géographiques et crée de l’identité. Réduction des coûts de la mobilisation.
  • Problèmes : Inégalités de participation. Prépondérance de l’expression sur le dialogue. Passage du débat à la décision.

3. La citoyenneté de la consultation : « le citoyen décide » à travers une circulation montante de l’information (courrier et vote électroniques)

  • Avantages : Accès rapides, directs et plus informels aux élus. Consultations des citoyens moins coûteuses.
  • Problèmes : Capacités inégales à la formulation de demandes. Sécurité, confidentialité, authenticité des communications.

Alors, quid d’une citoyenneté européenne numérique ?

Lors des Etats généraux de l’Europe, à Lyon le 21 juin dernier, s’est tenu un atelier-débat consacré au rôle d’Internet dans l’espace public européen.

Selon Benoît Thieulin, fondateur du site touteleurope.fr, « il faut relativiser le poids du débat public en ligne fait d’une minorité de citoyens très actifs et politisés ; organisée de manière affinitaire, par communautés et par centres d’intérêt ».

Néanmoins, Internet peut favoriser une politisation souhaitable du débat européen à travers :

  • l’émergence de réseaux citoyens transnationaux de confrontation d’idées ;
  • l’organisation des partis politiques à l’échelle européenne.

Ainsi, pour reprendre les propos de Fernando Navarro, du magazine Café Babel, alors que jusqu’à présent, « l’Europe a fonctionné sur le mode du consensus » ; désormais, avec la citoyenneté européenne numérique, « l’Europe pourra se construire avec davantage de controverse ».

Relance de la construction européenne : les principaux enjeux selon Hubert Védrine

Alors que la plupart des acteurs (responsables politiques, médias, experts…) s’accordent autour de l’idée d’une relance de la construction européenne, quelles sont les priorités à préciser selon Hubert Védrine ?

A la lecture du chapitre « Une Europe qui saurait qui elle est et ce qu’elle veut » de Continuer l’histoire, Champs Actuel, mars 2008, la pensée d’Hubert Védrine sur la « relance » de la construction européenne se résume ainsi :

« Pour retrouver l’acquiescement et l’engagement des populations, il faut :

  • clarifier l’identité de l’Europe, donc lui fixer des limites ;
  • stabiliser et préciser la répartition des pouvoirs, c’est-à-dire spécifier qui fait quoi en Europe ;
  • se préoccuper davantage de nouveaux projets que d’institutions imparfaites ;
  • formuler distinctement le rôle assigné au projet européen dans les destinées du monde. »

En résumé, les principaux messages à diffuser auprès de citoyens européens déboussolés pour relancer la construction européenne sont les réponses aux trois interrogations suivantes :

  • quelle frontière ?
  • quel pouvoir aux États membres / aux institutions communautaires ?
  • quel projet pour cet acteur international, protecteur face à la mondialisation ?

L’exercice actuel de la Présidence française de l’UE et la campagne électorale pour les élections européennes au printemps prochain sont autant d’occasions pour répondre aux questions des frontières, des pouvoirs et du projet.